1914, La guerre débute en chansons

FRAGSON CHANTE SUR SCÈNE

Fin 1913, Fragson chante sur scène : En avant les petits gars, créé à la Scala, un an auparavant. Il galvanise son public qui reprend le refrain. La chanson va quelques mois plus tard, trouver tout son sens… Mais, l’interprète n’en saura rien. Il est mort en décembre 1913, tué à coups de revolver par son père.

Tu viens d’avoir vingt ans,
Et c’est l’âge ou la France t’appelle,
Embrasse tes parents
Car il faut les quitter pour elle,
En avant les petits gars…

Avec le début des combats, la grande guerre vide les cafés concerts. Les chanteurs, les plus jeunes, partent au front. Ceux qui ont échappé aux obligations militaires vont composer et enregistrer des chansons patriotiques. Il faut encourager les soldats !

Eugénie Buffet

La grande vedette populaire Eugénie Buffet, surnommée la Cigale Nationale, s’est constitué un répertoire patriotique et entonne : La chasse aux loups de René de Buxeuil :

Ami, faisons la chasse aux loups
Puisqu’ils sortent de leur tanière
Et qu’ils viennent jusque chez nous
Semer le deuil et la misère
Hardi petit pioupiou Français !
Abattons la louve germaine
Pour voir enfin régner la paix
A tout jamais
Sur la grande famille humaine !…

Quand Madelon

Les chansons populaires sont revisitées, d’autres sont reprises, avec de nouvelles paroles sur des airs connus. Les troupes scandent des marches, comme, Quand Madelon.

Cette marche, lors de sa création en 1913, à l’Eldorado, par le comique troupier Bach a fait un “flop”. Il va l’interpréter au front. Elle sera sur toutes les lèvres. Polin, lui aussi comique troupier, l’inscrit à son répertoire.

Quand Madelon vient nous servir à boire,
Sous la tonnelle, on frôle son jupon,
Et chacun lui raconte une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n’est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton,
Elle rit, c’est tout l’mal qu’ell’sait faire,
Madelon, Madelon, Madelon…

Un répertoire de « guerre »

Officiellement, pour ceux qui ne sont pas au front l’importance de cette terrible guerre doit être minimisée! Mais, peu à peu on va chanter la dure réalité de la guerre, les souffrances des Poilus.

Le chansonnier anarchiste et anticlérical Montéhus qui ne sera pas mobilisé composera, loin du front, un répertoire de « guerre », des chants patriotiques qui lui vaudront la croix de guerre avec des titres comme : La voix des mourantsLa dernière victimeRéflexions d’un mutilé ou encore La chasse aux barbares

Guillaum’ le misérable,
Oui, nous te saignerons
Dans le fond d’une étable,
Comme on saigne un cochon
D’vant Nicolas et Georges,
Faudra que l’on t’égorge !

Botrel crée Rosalie

Dans le même registre Botrel crée Rosalie, un hommage à la compagne des Poilus, celle dont ils ne se séparent jamais, leur baïonnette :

Au mitant de la baille
Elle perce, et pique et taille
Verse à boire !
Parc en tête, et pointe à fond,
Buvons donc !

Dalbret envoyé sur le front

Dalbret, auteur-compositeur-interprète, envoyé sur le front, va être sévèrement gazé lors d’une attaque au gaz Moutarde. A son retour, il composera et enregistrera des chansons réalistes et patriotiques comme L’Yser :

Le sang, la boue, la faim et le froid implacable qui leur font supporter les tortur’s de l’enfer, c’est L’Yser…

Il sera également décoré après la guerre.

En 1914, la chanson était omniprésente. Cette courte sélection reflète les tendances de cette première année de guerre. D’autres titres sont à découvrir sur le site.